Le Lithium Fer Yttrium Phosphate - LiFeYPO4 (abrégé LYP) est une chimie particulière de batterie au lithium dérivée du LiFePO4 (abrégé LFP). Elle se différencie par l’ajout d’Yttrium, un métal de transition qui fait partie des terres-rares (mais ce n’est pas un élément particulièrement rare dans la croûte terrestre).
Les batteries LYP accentuent les points forts des batteries LFP, c’est-à-dire une grande stabilité chimique et une durée de vie élevée. Le fabriquant Thundersky-Winston annonce 5000 cycles de charge-décharge (à 80% de profondeur de décharge) ainsi qu’une large amplitude thermique, de -45°C à 85°C en charge comme en décharge. En contrepartie, le LYP possède une densité d’énergie volumique et massique légèrement inférieure au LFP. En fonction de la capacité des cellules LYP, on trouve une densité massique d’énergie qui varie de 80 à 107 Wh/kg et une densité volumique qui s’étend de 129 à 174 Wh/L. Sur le repère performance / durée de vie, la chimie LYP se situe donc entre les chimies LFP et lithium-titanate.
Les batteries LYP Thundersky-Winston ne sont pas nouvelles, elles sont produites depuis 1998 mais une usine ouverte en 2017 a permis une augmentation du volume de production, et naturellement, une diminution des coûts. Un distributeur de batterie LYP annonce une production annuelle d’un milliard d’ampère-heure soit suffisamment pour stoker la production d’énergie d’un réacteur nucléaire pendant 3 heures. Ce grand volume s’explique par le marché visé par ces cellules : le stockage stationnaire. Contrairement aux cellules cylindriques ordinaires d’une capacité de l’ordre de 2 Ah (type 18650) et très répandues dans le domaine des batteries au lithium, Thundersky-Winston démarre sa gamme de cellules prismatique à 40 Ah. Ils peuvent fabriquer des cellules sur mesure allant jusqu’à 10 000 Ah.
L’Université technique de Prague a réalisé une série de tests sur les cellules LYP Thundersky-Winston affin d’observer le comportement de celles-ci après un grand nombre de cycles et des vitesses de charge et de décharge élevées (C-rate de 1,5). Ils ont pu réaliser 13 000 cycles courts (à 10% de profondeur de décharge) à une température de 35°C. Dans ces conditions, le rendement énergétique de charge-décharge était toujours de plus de 90% et aucune variation de la température ou de la capacité n’a pu être mesurée.
Les tests de l’université ont nécessité 5 mois mais ne reviennent en termes d’usure qu’à environ 1300 cycles complets ce qui demeure insuffisant pour juger véritablement la chimie. Les performances annoncées par le constructeur sont probablement réelles, cependant, un test plus approfondi serait nécessaire notamment en ce qui concerne la charge à température négative et la durée de vie en cycle profond. Seul un retour sur les performances réelles des batteries LYP à l’usage permettra de trancher s’il s’agit, ou non, d’une rupture technologique.