Voltalis veut équiper 150.000 foyers de boîtiers « intelligents »
La société française propose de réduire la consommation d’électricité chez les particuliers. Elle va bénéficier d’un prêt de 20 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement.
Afin d’équilibrer les réseaux d’électricité, on peut augmenter la production dans des centrales nucléaires, renouvelables ou thermiques ; on peut aussi « effacer », au bon moment, la consommation de particuliers ou d’entreprises. C’est ce que propose la société française Voltalis. Elle a équipé 100.000 sites en France de ses boîtiers dits « intelligents », permettant de couper un chauffage électrique ou un chauffe-eau pendant une brève période de temps. Critiqué pour ses coûts « très importants » , ce modèle d’effacement de la demande d’énergie en est encore à un stade expérimental.
Ce jeudi, l’entreprise a annoncé qu’elle bénéficierait d’un prêt de 20 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI), assorti d’une garantie de la Commission européenne. Ce prêt doit lui permettre d’équiper 150.000 foyers supplémentaires dans les prochaines années, avant d’envisager un déploiement à plus grande échelle en Europe. La BEI prêtera cette somme à une société codétenue avec le fonds d’investissement Meridiam, spécialiste de la transition énergétique.
Objectif : 150.000 foyers
Créée en 2008, Voltalis propose aux particuliers et aux petites entreprises tertiaires qui le souhaitent d’installer gratuitement chez eux un boîtier qui mesure leur consommation en temps réel et peut décider d’arrêter leur chauffage ou leur chauffe-eau pendant quelques minutes. Avec le soutien du gestionnaire de réseaux de transport, elle s’est d’abord lancée en Bretagne, région connue pour la fragilité de son réseau électrique.
Ce prêt va désormais permettre à Voltalis de passer à la vitesse supérieure, selon son PDG Mathieu Bineau. « En équipant 150.000 foyers supplémentaires, nous pourrons apporter de la flexibilité au réseau électrique, se félicite-t-il. Cela permet d’éviter d’allumer des centrales thermiques et de mieux intégrer les énergies renouvelables. »
Marchés d’électricité
Pour les particuliers, la technologie leur permet d’économiser jusqu’à 15 % de leur consommation d’énergie, selon l’entreprise. Un niveau d’économie d’énergie contesté par ses détracteurs. De son côté, l’entreprise se rémunère par le biais d’un mécanisme d’ajustement, qui valorise la flexibilité qu’elle apporte au marché, ainsi que par des subventions, attribuées chaque année par une procédures d’appels d’offre.
La réglementation française est particulièrement favorable au développement de l’effacement. De nouvelles règles européennes, plus favorables, ont néanmoins été adoptées récemment. Selon Réseau de transport d’électricité (RTE), « la France est le premier pays européen à avoir mis en place un cadre législatif et réglementaire reconnaissant le rôle des opérateurs d’effacement et favorisant leur participation directe aux marchés. »
Equilibre du réseau
L’argumentaire des entreprises qui propose cette technologie repose largement sur les services rendus au gestionnaire de réseau de transport, chargé d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. A l’heure actuelle, les 100.000 foyers équipés de boîtiers permettent d’éviter de consommer entre 100 et 200 mégawatts pendant la pointe de consommation hivernale.
A terme, l’entreprise voit grand.« Il y a sept ou huit millions de consommateurs qui ont du chauffage électrique », note Mathieu Bineau. En outre, « le gisement [d’effacement] est d’autant plus important qu’il fait froid et que les chauffages sont allumés ». Ce qui peut être utile pour faire face aux tensions sur le réseau en hiver. Les avantages de ce système doivent cependant être relativisés au regard des coûts d’installation du boîtier, pour l’instant rédhibitoires.
Source : Les Échos